Réagir à chaud à une actualité est déconseillé, et pourtant, je tiens à revenir sur un drame intervenu ce week-end mais plus encore sur les questions soulevées par un phénomène d’ampleur : le suicide.
Eric. 30 octobre 2023
Anxiogène et effrayante, l’actualité nous réserve, chaque jour, son lot d’horreurs. Chacune et chacun se préserve à sa façon, poussant un peu plus nos sociétés à l’individualisation et au repli sur soi. Je ne me prétends pas différent et encore moins exemplaire en la matière, mais exprime cette conscience de l’indicible et surtout de l’incompréhensible. Pourtant, je suis ébranlé à la lecture de certains faits d’actualité, que la presse se précipitera de qualifier de divers.
Comment classer le suicide dans une société si hiérarchisée ?
Ce matin, je me sens mal en découvrant dans les colonnes du Monde, comment un gendarme a pu, au cours de la journée de dimanche, tuer ses 3 filles avant de se donner la mort. Je n’évoquerai pas ce récit en particulier, mais je vacille en pensant qu’un père de famille puisse arriver à un point de non-retour. Comment peut-on perdre tout espoir ? Je connais les difficultés de la vie, les souffrances quotidiennes qu’elle inflige, les doutes existentiels qu’elle engendre. Je connais cette sensation de ne plus voir d’issue à une situation complexe. Mais en arriver au suicide et donc décider de sa propre initiative, que la vie est une impasse. Cela me glace le sang.
Crimes ou suicides ? Des horreurs au quotidien qu’on veut nous taire
Si je n’entre pas dans le détail d’un fait en particulier, c’est justement pour éviter le danger d’une tentative d’explication ou de justification. En mettant fin à ses jours, tout suicidé devient le symptôme d’une société en perdition. Comment a-t-on pu les laisser en arriver là ? Comment a-t-on pu laisser se développer ce cercle infernal ? Tout un chacun peut être concerné, et pourtant on continue de traiter ces horreurs du quotidien – car le suicide en est une – de manière isolée. Je m’effraie déjà de savoir, que les journalistes trouveront les « causes » (les leurs, qui seront ensuite présentées à leur public) ayant conduit au drame. Mais n’est-ce pas un renoncement total à la société ans laquelle nous vivons que de vouloir en finir définitivement ?
En se donnant la mort, le suicidé ne proclame-t-il pas qu’il n’a plus sa place dans la société dans laquelle on vit.
Le suicide en France, une remise en question de la société ?
J’en vois certains s’offusquer de tels propos, soulignant que le désespoir représente avant tout une faiblesse. Le suicide n’est pas qu’un drame individuel et familial (j’ai peine à imaginer les questions incessantes et à jamais posées que peut soulever une telle mise à mort) mais constitue bien, à mes yeux, un constat d’impuissance de la puissance publique d’une part mais aussi des citoyens et citoyennes d’autre part. car ne nous leurrons pas, nous sommes tous un peu coupables de détourner les yeux en recherchant les causes plutôt que le sens. Et pourtant, les suicides représentaient en 2017, 1,4 % des morts en France avec 8366 suicidés. 8366 histoires à essayer de raconter alors que l’on devrait s’attacher à comprendre comment la société a poussé la « population d’une petite ville » à ne plus nourrir aucun espoir.
Dans le respect des opinions de chacun et sans esprit de polémique, laissez-nous votre vision des choses, non pas sur ce fait divers tragique mais sur le suicide et le sens que vous lui donnez.
Une réflexion sur « Suicide : plus qu’un fait divers, un échec pour la société dans son ensemble »